OSSABB
La magie de mon monde intérieur et les histoires autour du feu m’ont toujours fascinée. Le mariage de l’incandescence du feu et de la céramique me ramène au souvenir des temps immémoriaux de la confrontation avec le feu
La terre à laquelle je suis liée, s’est imposée à moi, de par sa mémoire de l’humanité dont je suis issue. J’utilise la terre comme médiateur pour une recherche personnelle : recherche d’équilibre entre le chaos et l’ordre et sur les profondes oppositions qui génèrent la vie. L’art est pour moi un outil de communication afin d’évoluer et d’éveiller ma conscience.
Autodidacte dans ma démarche, j’utilise la terre…. Une poignée de terre, de l’eau, du feu généreux, un souffle d’enthousiasme…Suivi d’une patience attentive, d’un étonnement renouvelé….
Le Raku est ma technique de prédilection. Il me nourrit pleinement, car l’élaboration de chaque pièce est vécue comme une aventure, laissant place à l’inattendu. La cuisson Raku permet d’obtenir une expression unique et un fini intemporel. Alliance de la terre, de l’eau, de l’air et du feu.
La terre est une amie exigeante et le feu un allié infernal. Elle m’invite, me tente, m’appelle. Elle exige qu’on la sollicite et refuse d’être maltraitée, sinon elle se rebelle, se fend, se casse et parfois explose.
La recherche de la beauté fait partie intégrante de ma démarche. Le Raku avec sa sobriété, sa simplicité et son raffinement me permet d’accéder à une nouvelle forme de création avec des compositions de noir et blanc, d’émaille et d’enfumé, de lisse et de rugueux et des effets de craquelures imprévisibles.
La terre est mon moyen d’expression favori, car je crée dans l’instant, détruis et recommence. Je cherche l’harmonie entre la forme et le sens et lorsque la terre enfin maîtrisée me livre ce que je cherche, je la soumets à l’épreuve du feu. Donner forme et vie à la matière, susciter l’émotion et la réflexion sont essentiels pour moi. C’est franchir le seuil de la réalité pour passer au rêve et conduire l’autre à se souvenir de son propre passé. C’est aussi lui offrir une fenêtre où l’imaginaire peut s’ouvrir à la vastitude des espaces inconnus de l’esprit et de l’âme.
Je transforme la matière et me transforme, je me révèle petit à petit à son contact. Elle est le matériau de la spontanéité et mes doigts s’enchantent lorsque je m’immerge dans sa douceur.
Jeux de contraste où le détail devient essentiel, où l’éphémère se fige. Je tends vers la sobriété des volumes, la pureté des lignes. J’essaie de transmettre à mes sculptures une assise et une rectitude qu’adoucissent le mouvement et la sensualité de leurs formes. J’emploie des terres de couleurs différentes, des engobes, des oxydes, des émaux à basse température et cherche l’accord intime entre la matière, la forme et la couleur. Formes élancées évoquant la fragilité et la puissance, la grâce et la rigueur
À travers ce travail, j’essaie de montrer la dualité de l’être humain : sa vulnérabilité et sa force, le ying et le yang…Mais aussi son formidable potentiel d’énergie.
LE RAKU
Ce type de cuisson d'origine japonaise, employé depuis le XVI siècle, consiste à sortir les pièces chaudes du four, provocant des effets décoratifs ; craquelures, enfumages, lustres métalliques.
La pièce est sortie du four à l'aide d'une longue pince métallique. Elle est incandescente, environ 1000° mais on devine les couches d'émaux par leurs dégradés d'oranges et de rouges.
Le moment est crucial, c'est en effet au moment du refroidissement qu'on peut jouer sur les modifications d'état des émaux, qui peuvent être suivies à l'oeil nu.
L'émail va prendre des teintes différentes selon son état final : réduit suite à un refroidissement en absence d'oxygène, il métallise et prend des reflets dorés ou argentés...
Avec un refroidissement en présence d'oxygène, la pièce s'oxyde et prend des couleurs qui peuvent être à l'opposé de sa couleur de réduction. Entre les deux états, il existe souvent toute une gamme de couleurs intermédiaires.
Les couleurs et craquelures d'une même pièce peuvent être contrôlées en provoquant des réductions locales (par ajout de copeaux de sciure, par exemple) ou des oxydations partielles.
Malgré tout, on n'est jamais à l'abri de surprises (bonnes ou mauvaises), et l'aspect aléatoire du raku rajoute beaucoup à son charme !
La technique du raku permet de suivre la cuisson et de décider des moments privilégiés pour sortir les pièces. Incandescentes, elles subissent un choc thermique important. Enfumées ou trempées dans l'eau, ou rebrûlées, ou laissées à l'air libre, dans tous les cas ces pièces travaillent, racontant ainsi l'histoire de la terre, du feu, de l'eau en une poésie profonde si caractéristique du raku.
L'esprit du raku illustre la beauté de l'imperfection et de l'inachevé ainsi que la rencontre entre l'Orient et l'Occident.
Les "êtres de lumière", les maîtres des quatre éléments: terre, eau, air, feu; sont animés d'une flamme qui fait partie intégrante de la sculpture.
On pourrait parler de naissance, destruction et renaissance. En effet, chaque sculpture est un "puzzle", un assemblage. Les morceaux qui composent chaque pièce apparaissent, disparaissent, réapparaissent.
L'alchimie des métaux les transforme enfin: le choc thermique avec l'air, puis le feu et l'eau confèrent leur aspect final... Ou presque...car, peu à peu, le hasard fait place à la construction définitive, donnant naissance à des êtres semblant avoir traversés les âges.
Le Raku est, une technique de tous les instants, une recherche permanente.
OSSABB